Chaque année, environ 75 000 personnes décèdent en France des suites de maladies directement liées au tabagisme actif ou passif. Face à ce constat alarmant, une question cruciale se pose : que se passe-t-il concrètement à l'intérieur des poumons d'un fumeur, et comment pouvons-nous visualiser ces changements ? L'imagerie médicale du poumon, grâce à ses avancées technologiques constantes, nous offre aujourd'hui une fenêtre précieuse pour observer et comprendre les transformations souvent irréversibles causées par le tabac et la fumée. Ces images révèlent des réalités souvent ignorées, et devraient inciter à une prise de conscience collective sur les dangers du tabagisme pour la santé pulmonaire.
Les poumons, organes vitaux de notre système respiratoire, sont les principaux responsables de l'échange gazeux essentiel à la vie. Ils permettent à l'oxygène de passer dans le sang, alimentant ainsi tous les organes et tissus, et au dioxyde de carbone, déchet métabolique, d'être éliminé. Leur santé est donc primordiale pour assurer le bon fonctionnement de l'organisme. Malheureusement, ils sont particulièrement vulnérables aux agressions extérieures, et le tabac représente une menace majeure. Les plus de 7000 substances toxiques inhalées avec la fumée de cigarette endommagent progressivement les tissus pulmonaires, conduisant à diverses pathologies graves, comme la BPCO et le cancer du poumon.
L'imagerie médicale du poumon joue un rôle crucial dans le diagnostic précoce, le suivi et la prévention des maladies pulmonaires. Grâce à différentes techniques, il est possible de visualiser l'état des poumons, de détecter des anomalies souvent invisibles à l'examen clinique et d'évaluer précisément les dommages causés par le tabagisme chronique. Nous allons illustrer comment l'imagerie médicale permet de mettre en évidence les changements structurels et fonctionnels induits par le tabac, offrant ainsi un outil puissant pour la sensibilisation et le suivi médical. L'objectif est de mieux comprendre comment le tabagisme affecte la santé pulmonaire et comment l'imagerie peut aider à la prévention et au diagnostic précoce.
Les techniques d'imagerie médicale du poumon : principes et applications
L'imagerie médicale du poumon offre un éventail d'outils performants pour observer les poumons avec une précision croissante. Chaque technique possède ses propres avantages et inconvénients en termes de résolution spatiale, de résolution temporelle, de coût d'acquisition et d'exposition potentielle aux radiations ionisantes. Comprendre les principes de ces techniques d'imagerie permet de mieux interpréter les images médicales et de saisir l'impact du tabagisme sur la santé pulmonaire à différents niveaux. Nous allons explorer en détail la radiographie thoracique standard, la tomodensitométrie (scanner thoracique ou TDM), l'imagerie par résonance magnétique (IRM thoracique) et la scintigraphie pulmonaire de ventilation/perfusion.
Radiographie thoracique (rayons X)
La radiographie thoracique, utilisant des rayons X, est une technique d'imagerie couramment employée pour visualiser rapidement les structures thoraciques, incluant les poumons, le cœur, les vaisseaux sanguins et les os. Elle est basée sur le principe physique que les différentes densités des tissus biologiques absorbent différemment les rayons X, créant ainsi une image en niveaux de gris, où les structures plus denses (comme les os) apparaissent plus blanches et les structures moins denses (comme l'air dans les poumons) apparaissent plus noires. Elle est souvent la première étape dans l'investigation des problèmes pulmonaires, en raison de sa disponibilité et de sa simplicité.
La radiographie thoracique présente des avantages considérables dans le contexte clinique. Elle est accessible dans la plupart des centres médicaux, relativement peu coûteuse pour le patient et le système de santé, et rapide à réaliser, permettant un diagnostic rapide en cas d'urgence. Cependant, elle a également des limitations importantes : sa résolution est moins précise que celle d'autres techniques d'imagerie plus avancées, ce qui peut rendre difficile la détection de petites anomalies, et elle implique une exposition aux radiations ionisantes, bien que généralement faible, ce qui nécessite une justification clinique de l'examen.
Sur une radiographie d'un poumon sain, les champs pulmonaires apparaissent clairs et bien aérés, permettant une bonne visualisation des vaisseaux pulmonaires qui convergent vers le hile pulmonaire (la zone où les bronches et les vaisseaux entrent dans le poumon) et de l'arbre bronchique principal. Les structures osseuses, comme les côtes et la colonne vertébrale, sont également visibles, mais ne doivent pas masquer les structures pulmonaires sous-jacentes. L'absence d'opacités anormales, de zones de consolidation ou d'épanchement pleural (liquide autour du poumon) est un signe radiologique de bonne santé pulmonaire.
En revanche, sur une radiographie d'un poumon de fumeur, on peut observer une variété d'anomalies, en fonction de la durée et de l'intensité du tabagisme. On peut observer des opacités diffuses, souvent bilatérales, indiquant une inflammation chronique des bronches (bronchite chronique) ou une accumulation de mucus dans les voies aériennes. Un épaississement des parois bronchiques, visible comme des lignes parallèles ou des "rails" le long des bronches, peut également être présent, signe de bronchite chronique persistante. Dans certains cas, on peut même visualiser des masses ou des nodules pulmonaires, qui peuvent être des tumeurs malignes (cancer du poumon) ou des lésions bénignes (granulomes). Une hyperinflation (emphysème), se manifestant par des poumons anormalement grands et sombres, avec un aplatissement du diaphragme, peut également être observée. Ces anomalies radiologiques soulignent l'impact néfaste du tabagisme sur la structure et la fonction des poumons.
- Accessible dans la plupart des centres médicaux
- Relativement peu coûteuse pour le patient et le système de santé
- Rapide à réaliser, permettant un diagnostic rapide en cas d'urgence
Tomodensitométrie (scanner thoracique - TDM)
La tomodensitométrie, ou scanner thoracique, utilise également des rayons X, mais de manière beaucoup plus sophistiquée que la radiographie standard. Elle crée des images en coupes transversales du thorax, qui peuvent ensuite être reconstruites en images tridimensionnelles (3D) grâce à des algorithmes informatiques puissants. Cela permet une visualisation beaucoup plus détaillée des structures pulmonaires, médiastinales (la zone entre les poumons) et osseuses, avec une résolution spatiale et une sensibilité supérieures à celles de la radiographie.
Le scanner thoracique offre des avantages significatifs par rapport à la radiographie, notamment pour l'évaluation des maladies pulmonaires liées au tabagisme. Il est plus précis pour détecter les petites anomalies, comme les nodules pulmonaires de petite taille ou les signes précoces d'emphysème. Il permet une visualisation en 3D, facilitant la localisation et la caractérisation des lésions. Il peut également être réalisé avec injection de produit de contraste iodé, ce qui améliore la visualisation des vaisseaux sanguins et permet de différencier les lésions bénignes des lésions malignes. Cependant, il implique une exposition aux radiations plus importante que la radiographie et est généralement plus coûteux, ce qui limite son utilisation systématique.
Sur un scanner d'un poumon sain, le parenchyme pulmonaire apparaît homogène et aéré, sans épaississements anormaux, sans nodules ou masses, et sans zones de condensation. Les vaisseaux sanguins sont clairement visibles, avec une distribution normale dans les deux poumons, et l'arbre bronchique est normal, sans dilatation ni épaississement des parois. L'absence d'anomalies est un indicateur de bonne santé pulmonaire et d'une fonction respiratoire optimale.
L'image d'un poumon de fumeur au scanner peut révéler une variété de problèmes, en fonction de la sévérité du tabagisme et de la présence de maladies pulmonaires associées. L'emphysème, caractérisé par des bulles d'air (bulles d'emphysème) et la destruction progressive du parenchyme pulmonaire (les alvéoles, où se produit l'échange gazeux), est une manifestation fréquente, visible comme des zones de faible densité et de destruction du tissu pulmonaire. On peut également observer des bronchectasies (dilatation anormale et irréversible des bronches), des nodules pulmonaires (bénins ou malins, nécessitant une évaluation plus approfondie), et un épaississement des parois bronchiques, signe de bronchite chronique et d'inflammation persistante des voies aériennes. La densité pulmonaire globale peut être augmentée en raison de l'inflammation chronique et de l'accumulation de mucus dans les bronches.
- Visualisation détaillée du parenchyme pulmonaire et des voies aériennes
- Détection précoce des petits nodules pulmonaires, permettant un diagnostic plus précoce du cancer du poumon
- Reconstructions 3D possibles, facilitant la planification chirurgicale et la visualisation des anomalies complexes
Imagerie par résonance magnétique (IRM) thoracique
L'imagerie par résonance magnétique (IRM) utilise des champs magnétiques puissants et des ondes radiofréquences pour créer des images détaillées des structures anatomiques et des processus physiologiques dans le thorax. Contrairement à la radiographie et au scanner, elle n'implique pas d'exposition aux radiations ionisantes, ce qui est un avantage majeur pour les patients, en particulier les femmes enceintes et les enfants. L'IRM offre une résolution des tissus mous supérieure à celle du scanner, ce qui permet de mieux visualiser les structures vasculaires, les ganglions lymphatiques et les tumeurs.
L'IRM offre une meilleure visualisation des tissus mous que le scanner, ce qui est particulièrement utile pour évaluer les tumeurs du médiastin, les anomalies vasculaires et les atteintes pleurales. Elle permet de différencier les différents types de tissus en fonction de leurs propriétés magnétiques, et d'identifier les zones d'inflammation ou d'œdème. Cependant, elle est moins disponible que le scanner, plus coûteuse en termes d'acquisition et d'entretien, et moins performante pour la détection des petites calcifications et des lésions osseuses. De plus, la durée de l'examen est généralement plus longue que celle du scanner, ce qui peut être un inconvénient pour certains patients.
Dans un poumon sain, l'IRM montre un signal homogène dans le parenchyme pulmonaire, reflétant une aération normale et une perfusion sanguine adéquate. Les vaisseaux sanguins apparaissent clairement, sans anomalies de calibre ou de trajet. Les structures pulmonaires apparaissent normales, sans épaississement des parois bronchiques ni présence de nodules. La perfusion pulmonaire est bien visualisée et homogène, assurant un échange gazeux optimal.
Chez un fumeur, l'IRM peut révéler des anomalies subtiles, en particulier au niveau des petites voies aériennes et des vaisseaux sanguins. Elle peut montrer des infiltrations tumorales, des adénopathies (ganglions lymphatiques enflés, souvent signe d'une infection ou d'un cancer) et des anomalies vasculaires, telles que des thromboses ou des anévrismes. Elle peut également aider à différencier les nodules pulmonaires bénins des nodules malins en fonction de leur vascularisation (angiogenèse tumorale). L'IRM peut ainsi montrer des signes précoces de complications liées au tabac, même avant qu'elles ne soient visibles sur d'autres techniques d'imagerie.
- Absence d'exposition aux radiations ionisantes, ce qui est un avantage majeur pour les patients sensibles
- Excellente visualisation des tissus mous, en particulier des vaisseaux sanguins et des ganglions lymphatiques
- Possibilité d'évaluer la perfusion pulmonaire et la vascularisation tumorale
Scintigraphie pulmonaire (Ventilation/Perfusion)
La scintigraphie pulmonaire est une technique d'imagerie fonctionnelle qui évalue de manière simultanée la ventilation (le mouvement de l'air dans les poumons) et la perfusion (la circulation sanguine dans les poumons). Elle consiste à injecter deux traceurs radioactifs différents : l'un pour évaluer la ventilation (généralement un gaz radioactif inhalé) et l'autre pour évaluer la perfusion (généralement des microparticules radioactives injectées par voie intraveineuse). Une caméra spéciale, appelée gamma-caméra, enregistre la distribution de ces traceurs dans les poumons, créant ainsi des images de ventilation et de perfusion.
La scintigraphie pulmonaire est particulièrement utile pour diagnostiquer l'embolie pulmonaire (un caillot sanguin qui bloque une artère pulmonaire) et pour évaluer les problèmes de ventilation/perfusion, tels que ceux observés dans la BPCO et l'hypertension pulmonaire. Cependant, elle implique une exposition aux radiations (bien que généralement faible) et fournit moins d'informations anatomiques que le scanner ou l'IRM. Elle est donc souvent utilisée en complément d'autres techniques d'imagerie.
Dans un poumon sain, la distribution du traceur est homogène dans les deux poumons, indiquant une ventilation et une perfusion normales et bien appariées. Cela signifie que l'air arrive bien dans toutes les zones des poumons et que le sang circule bien dans ces mêmes zones, permettant un échange gazeux optimal entre l'air et le sang. Les deux poumons doivent présenter une image similaire.
Chez un fumeur atteint d'emphysème ou de BPCO, la scintigraphie peut montrer des défauts de ventilation et de perfusion dans certaines zones des poumons, indiquant des lésions emphysémateuses ou des problèmes vasculaires. Ces zones apparaissent comme des "trous" ou des "zones froides" dans l'image, signalant une diminution ou une absence d'arrivée d'air et/ou de circulation sanguine. La scintigraphie permet de quantifier l'impact du tabagisme sur la fonction pulmonaire et de détecter les zones de poumon non fonctionnelles, qui ne participent plus à l'échange gazeux. Dans les cas d'hypertension pulmonaire, la scintigraphie peut montrer des défauts de perfusion plus importants dans les zones affectées par la maladie.
- Évaluation simultanée de la ventilation et de la perfusion pulmonaires
- Diagnostic de l'embolie pulmonaire, en identifiant les discordances ventilation/perfusion
- Information sur la fonction pulmonaire régionale et la contribution de chaque zone à l'échange gazeux
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le tabagisme est la première cause de décès évitables dans le monde, responsable de plus de 8 millions de décès chaque année. Près de 40% des fumeurs développeront une BPCO (Bronchopneumopathie Chronique Obstructive) au cours de leur vie, une maladie invalidante qui réduit considérablement la qualité de vie et l'espérance de vie. L'espérance de vie d'un fumeur régulier est réduite en moyenne de 10 à 15 ans par rapport à un non-fumeur. Un fumeur inhale en moyenne plus de 7000 substances chimiques différentes à chaque cigarette, dont au moins 70 sont connues pour être cancérigènes. La France se situe parmi les pays européens avec les taux de tabagisme les plus élevés, avec environ 30 % de la population adulte qui fume quotidiennement. Le coût direct des soins de santé liés au tabagisme en France est estimé à plus de 26 milliards d'euros par an.
Les maladies pulmonaires liées au tabagisme visualisées par l'imagerie
Le tabagisme est un facteur de risque majeur, voire la cause principale, pour de nombreuses maladies pulmonaires, dont certaines peuvent être visualisées, diagnostiquées et suivies grâce à l'imagerie médicale. La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et le cancer du poumon sont parmi les plus fréquentes, les plus graves et les plus étudiées, mais il existe également d'autres affections pulmonaires liées au tabagisme qui peuvent être détectées par l'imagerie. L'imagerie permet de suivre l'évolution de ces maladies, d'évaluer l'efficacité des traitements et d'adapter la prise en charge des patients.
Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO)
La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie pulmonaire chronique caractérisée par une obstruction progressive et irréversible des voies aériennes, associée à une inflammation chronique des bronches et à la destruction du parenchyme pulmonaire (emphysème). Elle est le plus souvent causée par le tabagisme chronique, mais peut également être due à l'exposition à d'autres irritants pulmonaires, tels que la pollution atmosphérique et les poussières industrielles. L'imagerie joue un rôle important dans le diagnostic, l'évaluation de la sévérité, le suivi et le pronostic de la BPCO.
L'imagerie de la BPCO révèle des signes caractéristiques d'emphysème, tels que la dilatation des alvéoles (bulles d'emphysème), la destruction du parenchyme pulmonaire, la diminution de la densité pulmonaire et l'hyperinflation des poumons. On peut également observer des signes de bronchite chronique, tels que l'épaississement des parois bronchiques, la dilatation des bronches (bronchectasies), l'augmentation de la production de mucus et les bouchons muqueux dans les voies aériennes. Le scanner thoracique est particulièrement utile pour visualiser ces anomalies et pour quantifier la sévérité de l'emphysème et de la bronchite chronique.
Les conséquences de la BPCO sont une diminution progressive de la capacité respiratoire, un essoufflement (dyspnée) croissant, une toux chronique, une production excessive de mucus et une fatigue importante. La qualité de vie des patients est fortement affectée, et la BPCO peut entraîner une invalidité respiratoire sévère. La BPCO est responsable d'environ 16 000 décès par an en France et représente un fardeau économique important pour le système de santé. L'imagerie permet d'évaluer la sévérité de la maladie, de prédire son évolution et de suivre l'efficacité des traitements, tels que les bronchodilatateurs, les corticostéroïdes inhalés et la réhabilitation respiratoire.
Cancer du poumon
Le cancer du poumon est une tumeur maligne qui se développe à partir des cellules des bronches ou des alvéoles pulmonaires. Le tabagisme est le principal facteur de risque de cancer du poumon, responsable d'environ 80 à 90 % des cas. L'exposition à d'autres substances cancérigènes, telles que l'amiante et le radon, peut également augmenter le risque de cancer du poumon. L'imagerie est essentielle pour le dépistage, le diagnostic, le bilan d'extension (détermination de la taille et de la propagation du cancer) et le suivi du cancer du poumon.
L'imagerie du cancer du poumon peut révéler des nodules pulmonaires (masses de petite taille, souvent découvertes fortuitement lors d'un examen d'imagerie réalisé pour une autre raison), des masses tumorales (masses de plus grande taille, qui peuvent comprimer les structures avoisinantes), des adénopathies médiastinales (ganglions lymphatiques enflés dans la région du médiastin, entre les poumons) et des métastases (propagation du cancer à d'autres organes, tels que le cerveau, les os et le foie). La radiographie, le scanner et l'IRM sont utilisés pour visualiser les différentes étapes de la maladie et pour guider les biopsies (prélèvements de tissu pour analyse au microscope). La détection précoce du cancer du poumon est cruciale pour améliorer les chances de survie des patients.
Le dépistage précoce du cancer du poumon par TDM à faible dose est recommandé chez les fumeurs à risque, c'est-à-dire ceux qui ont fumé pendant de nombreuses années et qui ont un risque élevé de développer un cancer du poumon. Ce dépistage permet de détecter des tumeurs à un stade plus précoce, avant qu'elles ne provoquent des symptômes, ce qui augmente les chances de guérison par la chirurgie ou d'autres traitements. Le cancer du poumon est la première cause de décès par cancer en France, avec plus de 46 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année. La survie à 5 ans après le diagnostic est d'environ 15 %, ce qui souligne l'importance du dépistage et du diagnostic précoce.
Autres pathologies
Outre la BPCO et le cancer du poumon, le tabagisme peut favoriser d'autres pathologies pulmonaires, telles que les pneumonies à répétition, la fibrose pulmonaire idiopathique, l'histiocytose langerhansienne, l'hypertension artérielle pulmonaire et la bronchiolite oblitérante. L'imagerie peut aider à diagnostiquer et à suivre ces affections, en identifiant des signes radiologiques spécifiques.
Les pneumonies à répétition sont plus fréquentes chez les fumeurs, car le tabac affaiblit les défenses immunitaires des poumons, les rendant plus vulnérables aux infections bactériennes et virales. L'imagerie peut montrer des zones de condensation pulmonaire (zones d'inflammation et de remplissage des alvéoles par du liquide), indiquant une infection. La fibrose pulmonaire idiopathique, une maladie chronique caractérisée par la formation de tissu cicatriciel dans les poumons, peut être visualisée au scanner avec un aspect typique en "rayon de miel".
L'histiocytose langerhansienne, une maladie rare caractérisée par la prolifération anormale de certaines cellules immunitaires dans les poumons, peut être diagnostiquée grâce à l'imagerie, qui montre des kystes et des nodules pulmonaires. L'hypertension artérielle pulmonaire, une augmentation de la pression artérielle dans les vaisseaux pulmonaires, peut être causée ou aggravée par le tabac. L'IRM peut être utilisée pour évaluer les vaisseaux pulmonaires et mesurer la pression artérielle pulmonaire. La bronchiolite oblitérante, une inflammation et une obstruction des petites voies aériennes, peut être diagnostiquée grâce au scanner, qui montre un aspect en "arbre en bourgeon". La reconnaissance précoce de ces autres pathologies souligne l'étendue des dommages causés par le tabagisme chronique.
Selon Santé Publique France, le tabac est responsable d'environ 75 000 décès prématurés chaque année en France, ce qui représente 13 % de tous les décès. L'arrêt du tabac, même après de nombreuses années de tabagisme, permet de réduire significativement le risque de développer une maladie pulmonaire, un cancer et une maladie cardiovasculaire. Le coût social du tabagisme en France est estimé à plus de 156 milliards d'euros par an, incluant les coûts directs des soins de santé, les pertes de productivité et les coûts indirects liés aux décès prématurés. La nicotine contenue dans le tabac crée une forte dépendance physique et psychologique, rendant l'arrêt du tabac difficile pour de nombreux fumeurs. Environ 70 % des fumeurs souhaitent arrêter de fumer, mais seulement 3 à 5 % réussissent sans aide extérieure. Les thérapies de remplacement de la nicotine, les médicaments et le soutien psychologique peuvent augmenter considérablement les chances de succès de l'arrêt du tabac.
L'imagerie médicale : un outil de prévention, de dépistage et de suivi
L'imagerie médicale ne se limite plus au simple diagnostic des maladies pulmonaires. Elle joue également un rôle de plus en plus important dans la prévention, le dépistage précoce et le suivi des patients à risque ou atteints de maladies pulmonaires chroniques. Le dépistage du cancer du poumon chez les fumeurs à risque, le suivi des maladies pulmonaires chroniques et l'utilisation de l'imagerie comme outil de motivation à l'arrêt du tabac sont autant d'applications prometteuses de l'imagerie médicale dans le domaine de la santé pulmonaire.
Dépistage du cancer du poumon
Le dépistage du cancer du poumon par TDM à faible dose est recommandé chez les fumeurs à risque, tels que ceux qui ont fumé pendant de nombreuses années, qui ont un âge avancé et qui présentent d'autres facteurs de risque de cancer du poumon (antécédents familiaux, exposition à l'amiante, etc.). Il permet de détecter des tumeurs à un stade précoce, avant qu'elles ne provoquent des symptômes, augmentant ainsi considérablement les chances de guérison. Cependant, il est important de peser les bénéfices et les limites du dépistage avant de le proposer à un patient.
Les bénéfices du dépistage sont une détection plus précoce du cancer, une augmentation des chances de survie et une amélioration de la qualité de vie des patients diagnostiqués à un stade précoce. Les limites du dépistage incluent un risque de faux positifs (résultats anormaux qui ne sont pas dus à un cancer, nécessitant des examens complémentaires inutiles), un risque de faux négatifs (résultats normaux alors qu'un cancer est présent, retardant le diagnostic), une exposition aux radiations (bien que faible avec la TDM à faible dose) et des coûts financiers importants. Le dépistage du cancer du poumon doit être proposé dans le cadre d'une prise en charge globale du patient, incluant le conseil en matière d'arrêt du tabac et la gestion des facteurs de risque.
Suivi des maladies pulmonaires chroniques
L'imagerie est largement utilisée pour évaluer la progression de la BPCO et adapter le traitement en fonction de la sévérité de la maladie et de la réponse aux interventions thérapeutiques. Elle permet de suivre l'évolution de l'emphysème (destruction du parenchyme pulmonaire), de la bronchite chronique (inflammation des bronches) et des complications associées, telles que les infections pulmonaires et l'hypertension pulmonaire. Elle est également utilisée pour suivre l'efficacité des traitements du cancer du poumon, tels que la chimiothérapie, la radiothérapie et la chirurgie.
L'imagerie permet de visualiser la réponse tumorale aux traitements (réduction de la taille de la tumeur), de détecter d'éventuelles récidives (réapparition de la tumeur après le traitement) et de surveiller les effets secondaires des traitements sur les poumons et les autres organes. Elle est un outil indispensable pour adapter la prise en charge des patients atteints de maladies pulmonaires chroniques et pour optimiser les résultats des traitements.
Motivation à l'arrêt du tabac
Montrer aux fumeurs les images de leurs poumons, révélant les dommages causés par le tabagisme, peut être un puissant facteur de motivation à l'arrêt du tabac. Les images peuvent rendre les conséquences du tabagisme plus concrètes et plus personnelles, incitant les fumeurs à prendre conscience des risques pour leur santé. L'imagerie peut également montrer les améliorations de la fonction pulmonaire après l'arrêt du tabac, renforçant ainsi la motivation des fumeurs à persévérer dans leur démarche.
Des images comparatives avant et après l'arrêt du tabac peuvent illustrer de manière frappante les bénéfices visibles de l'arrêt, tels qu'une diminution de l'inflammation des bronches, une amélioration de la ventilation pulmonaire, une réduction de la production de mucus et une diminution du risque de complications. L'imagerie peut ainsi aider les fumeurs à prendre une décision éclairée et à s'engager dans un processus d'arrêt du tabac durable.
Le prix du tabac en France a augmenté de plus de 70 % au cours des 20 dernières années, dans le but de dissuader les jeunes de commencer à fumer et d'encourager les fumeurs à arrêter. L'arrêt du tabac réduit significativement le risque de développer un cancer du poumon, une BPCO, une maladie cardiovasculaire et d'autres maladies liées au tabac. Le risque de cancer du poumon diminue de près de 50 % après 10 ans d'arrêt du tabac, par rapport à un fumeur continuant. Le tabagisme passif, c'est-à-dire l'exposition à la fumée de cigarette des autres, est également nocif pour la santé, augmentant le risque de maladies respiratoires et cardiovasculaires chez les non-fumeurs. Environ 20 % des décès par maladies cardiovasculaires en France sont attribuables au tabac, incluant le tabagisme actif et passif. L'arrêt du tabac améliore la fonction pulmonaire, la capacité à l'effort, la qualité de vie et l'espérance de vie. De nombreux professionnels de la santé (médecins, infirmiers, pharmaciens, tabacologues) peuvent aider les fumeurs à arrêter de fumer, en leur proposant des conseils, un soutien psychologique et des traitements pharmacologiques (substituts nicotiniques, médicaments). Il est important de se faire accompagner dans sa démarche d'arrêt du tabac pour augmenter ses chances de succès.